Permanente
du 15 décembre 2020 au 25 avril 2021

Le travail de Caroline Achaintre témoigne, d’une part, de la singularité de son parcours, qui la mène d’une forge en Allemagne à l’atelier textile du Goldsmiths College de Londres, et d’autre part, de l’éclectisme de ses aspirations qui la font se nourrir aussi bien du primitivisme revendiqué de Die Brücke que du design postmoderne du groupe Memphis*. Rien d’étonnant donc à ce que l’artiste réalise des installations qui tiennent tout autant de l’étalage marchand que du cabinet ethnographique, dans lesquelles de grandes tapisseries colorées dialoguent avec des céramiques anthropomorphiques, où visages amphibiens et masques fétichistes ou carnavalesques se côtoient.
Les œuvres de Caroline Achaintre puisent leurs sources aussi bien dans la sculpture britannique d’après-guerre que dans l’expressionnisme allemand*, la commedia dell’arte*, les arts premiers* ou encore les cultures urbaines (musique goth ou métal, films de série B, science-fiction). Dans son travail, l’artiste s’empare de techniques traditionnelles – tuftage, céramique, vannerie – pour insuffler vie aux dessins dans lesquels toutes ses œuvres trouvent leur origine. Sa pratique est marquée par un constant va-et-vient entre deuxième et troisième dimension, opérant avec fluidité dans un rapport au temps soit long (pour ses œuvres en laine tuftées ou ses sculptures en osier, par exemple, qui requièrent de passer du dessin au canevas et dont la réalisation matérielle nécessite plusieurs semaines), soit court (pour ses aquarelles ou ses céramiques, qui relèvent de gestes plus instinctifs ou spontanés).
Dans un cas comme dans l’autre, l’artiste ménage à dessein des plages d’incertitude quant aux formes qui résultent de ses nombreuses expérimentations : lorsqu’elle réalise ses pièces tuftées « à l’aveugle » depuis l’arrière de son châssis à l’aide d’un pistolet à laine, ou lorsqu’elle joue de la perméabilité des matériaux et des couleurs des céramiques dont la cuisson transforme toujours profondément le rendu. Le risque, tout comme le contact physique direct avec la matière, fait partie intégrante de son modus operandi.
Au CAPC, l’artiste a conçu et dessiné elle-même tous les éléments constitutifs (socles, contreforts, excroissances architecturales) d’un environnement au sein duquel de grandes « tapisseries » en laine colorée dialoguent avec des paravents en osier, des aquarelles et des céramiques – autant d’œuvres aux qualités anthropomorphiques et, de ce fait, de personnages d’un théâtre particulier.
Intitulée Permanente, l’exposition au CAPC est l’étape finale d’un projet itinérant conçu en coopération avec Belvedere 21, Vienne ; le MO.CO. Panacée, Montpellier ; et la Fondazione Giuliani, Rome.
Commissaire : Alice Motard
RDV/enseignants : mercredi 24 février à 14h
Sur inscription obligatoire :
d.merle@mairie-bordeaux.fr / 07 85 36 74 76.